mardi 15 janvier 2013

INTERVENTION MILITAIRE AU MALI

La mauvaise guerre de la France

Faire rentrer des soldats de l'Afghanistan pour en envoyer d'autres au Mali est un mauvais pari pour François Hollande
Faire rentrer des soldats de l'Afghanistan pour en envoyer d'autres au Mali est un mauvais pari pour François Hollande
En optant pour l'intervention au Mali, François Hollande a choisi la voie de l'aventure. Celle qui peut mener n'importe où et déboucher sur n'importe quoi.
Une guerre est une guerre. Toujours détestable. Facile à entamer, mais aux conséquences imprévisibles. Lorsqu'elle n'est pas la seule alternative, elle devient plus détestable encore. Lorsque ceux qui la décident ne sont pas ceux-là mêmes qui la font, elle n'en peut être que plus ignoble. Qu'on la fasse à ses voisins ou à des milliers de kilomètres, cela ne change rien car il y a toujours mort d'hommes. Misère, peine, déchirure forment le douloureux cortège de toutes les guerres depuis le début de l'humanité jusqu'à nos jours.
On croyait que, au fil du temps, l'humanité s'était assagie et qu'elle allait inventer une autre manière de résoudre ses conflits. Sans destructions. Sans massacres. Mais il est plutôt donné de constater que, plus elle progresse sur la voie de la science et de la technologie, plus l'humanité devient meurtrière.
Au début, les guerres étaient déclenchées pour des raisons connues. Cela ne veut pas dire que ces guerres étaient justifiées, mais que leurs raisons étaient claires. De nos jours, plus rien n'est évident, tellement tout est obscur et tellement les véritables enjeux sont tus. On ne sait plus qui ni quoi croire. Faut-il entendre les arguments trop inconsistants des puissants du moment? L'histoire a démontré à plusieurs reprises que, de ce côté-ci, les mensonges servent souvent d'argumentaire et que la force de frappe sert de règle de négociation. Faut-il écouter les déclarations trop brouillées des plus faibles? On a vu, au cours du temps que de ce côté aussi, menteries et contre-vérités sont le lot quotidien.
La guerre est toujours sale. Que ceux qui la font prétendent agir au nom du bien de l'humanité ou pour leur propre bien, cela ne change rien. En optant pour l'intervention au Mali, François Hollande a choisi la voie de l'aventure. Celle qui peut mener n'importe où et déboucher sur n'importe quoi. Comme un enlisement de ses soldats, par exemple, dans un désert impossible à contenir ou à surveiller. Comme la déstabilisation de toute une zone avec ce que cela peut comporter comme danger tant pour les va-t-en-guerre eux-mêmes que pour ceux qui, comme les Algériens, auraient tout fait pour éviter cette escalade.
La guerre est toujours facile à entamer. Surtout si l'on y a pris goût comme une certaine France, par exemple, qui, après l'expérience libyenne, se découvre une nouvelle vocation. Que de discours en l'air! Que de slogans sans sens! Mais si, pour faire la guerre, il suffit de se laisser aller aux recommandations des industries de l'armement, aux quartiers généraux et aux services de renseignement, pour en sortir, il faut plus que cela. En Afghanistan, les Américains pataugent toujours. En Irak, ils ont dû quitter les lieux. Certes les objectifs économiques ont été réalisés dans le pays de l'Euphrate, mais c'est tout. La misère porte désormais un nom là-bas: Etats-Unis. Comment se déroulera la suite de cette nouvelle guerre en Afrique? Dieu seul le sait. En, attendant, et pour ne pas faillir à la tradition guerrière, des voix commencent à monter pour... soutenir Hollande et la France. L'Allemagne ne veut pas laisser son voisin seul dans ce qu'elle appelle «cette situation difficile».
Demain, qui viendra s'aligner encore sur cette vision des choses? Les réfugiés, les orphelins, les rescapés... tous ceux-ci viendront se regrouper au sud de l'Algérie, puis un peu plus tard au Nord et puis bonjour les dégâts.
Lorsque les visées économiques et énergétiques françaises seront atteintes, les soldats français retourneront à leurs bases en Côte d'Ivoire, au Tchad et ailleurs, alors que nous, dans le meilleur des cas, on nous laissera avec des problèmes humanitaires et sécuritaires de grande envergure sur les bras. Mais n'ayons crainte, ils trouveront bien les beaux discours pour nous consoler et nous dire combien nous sommes bons et intelligents et nous, bien cajolés par ces qualificatifs, aspireront une bouffée d'oxygène et nous nous sentirons bien heureux. Combien de temps est nécessaire aujourd'hui à la Libye pour retrouver le niveau économique et social d'avant-l'intervention menée par la France? Un siècle, deux siècles? Pas moins en tout cas et pendant ce temps, la main basse sur les ressources énergétiques est déclarée et la reconstruction est monopolisée par les mêmes.
Quant à ce que donnera ce qui se passe au Sud de nos frontières, le temps nous le dira sans doute. Ce temps qui retiendra que la France qui, sous Chirac, a refusé de faire la guerre aux Irakiens, ne s'embarrasse plus ni de valeurs ni de principes. Sarkozy a eu sa guerre juste avant de quitter l'Elysée, (peut-être était-ce pour améliorer ses chances d'y rester?) et Hollande a eu la sienne dès qu'il s'est assis sur le trône élyséen. Est-ce une manière de démentir le manque de détermination que lui reprochent les siens sans cesse?
Quelles que soient les véritables raisons qui auraient poussé Hollande à prendre la décision de s'investir au nord du Mali et d'y impliquer la France avec lui, il est fort à craindre que cette guerre, d'autant plus qu'elle n'était pas inévitable, ne soit mauvaise pour lui et pour son pays.
Faire rentrer des soldats de l'Afghanistan pour en envoyer d'autres au Mali, donne une idée que l'on n'avait pas sur le président français et qui risque de le mettre à mal chez lui, parmi les siens.

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